dimanche 1 novembre 2015

Lâcher Prise

Ca fait plusieurs semaines que j'étais en manque d'iode, du coup, ce matin, j'ai demandé à Brugnon s'il voulait aller à la mer. Ce qui est bien (ou pas) avec un 2 ans et demi, c'est qu'il peut approuver mes idées folles, comme aller à la mer un 1er novembre de retour de vacances des parisiens. 
"A mer ? A mer !!!! Zoter des cailloux à la mer !" 

Nous voilà donc à la mer. 
Brugnon court dans le sable et s'approche du bord pour s'adonner à sa passion préférée (le jet de cailloux, donc). Et je commence à stresser. Ses chaussures de cuir n'aimeront pas l'eau de mer et son jean est trop serré pour être remonté. Et puis, on est le premier novembre, quand même. Et ma mère disait encore hier qu'il allait prendre froid et que s'il était toujours malade, c'était de ma faute. Donc je suis là, à surveiller les vagues qui montent et à crier "recule, recule !" à tout bout de champs. 

Et soudain ça arrive, comme ça, d'un coup. 

Je m'auto-saoule. 


Je me saoule à râler, je me saoule à stresser et je me saoule à me focaliser sur des pompes alors qu'on est à la mer, un 1er novembre, et qu'il fait un temps sublissime bordel

Pourtant je suis la première à dire que les vêtements ce sont justement des vêtements et que c'est pas si grave s'ils sont sales, au final (quelqu'un peut éventer ma mère, s'il vous plait ?)

Et perdue dans mes pensées, ce qui devait arriver arriva. De l'eau jusqu'aux chevilles, je me jette sur Brugnon et je me mouille aussi. 

Nous v'la bien avec nos pieds trempés.

Alors je retire tout. Les chaussures, les chaussettes. 

Tant pis pour mes ongles trop longs et mon vernis écaillé. Tant pis pour son jean mouillé, il aura qu'à voyager en couche après tout. (on perd ma mère, on perd ma mère !)

Je lâche prise. 


Je fais comme on m'a appris en cours. Laisser explorer sous un regard bienveillant. Faire ses propres expériences. Sans être derrière son dos sans arrêt. 

Et il a kiffé. 

Il s'est mis à courir dans le sable mouillé, il a regardé la mer lui lécher les pieds, il a jeté des cailloux, des coquillages, des moules, des couteaux. Il a touché le sable mouillé et le sable sec. A chaque fois il se tournait vers moi pour avoir mon soutien. Et puis il s'est fait peur en allant un peu loin et en se faisant prendre aux genoux par une vague (mais il n'est pas tombé hein, maman, il est bien vivant, TOUT VA BIEN). Mais il a appris. Il a appris ce que je m'évertuais à lui répéter, qu'il ne faut pas aller trop près et qu'il faut reculer quand une vague arrive. 

On est restés 2h sur cette plage. 

Je l'ai remis dans la voiture pieds nus et sans pantalon, avec du sable jusqu'aux oreilles. 

Mais je sais qu'il a passé une journée exceptionnelle. 

Et il s'est endormi sereinement en 10 minutes ce soir en me racontant des histoires de mer, de mouettes et de coquillages. 

Alors, franchement, c'est pas grave si les chaussures sont en train de sécher sur le radiateur. 

C'est pas grave s'il y a 3 kilos de sable dans ma voiture et 2 autres dans la baignoire. 

Aujourd'hui je suis la maman la plus formidable du monde. 

(ça va, Maman ?)

Cabourg, avril 2015

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