jeudi 29 décembre 2016

Vouloir être heureux fait-il de nous des égoïstes ?

Egoïste doit être le qualificatif que j'ai le plus entendu dans la bouche de ma famille depuis ces 10 dernières années. Ce n'est pas que j'interprète mal les sous-entendus, c'est dit clairement et distinctement. Tiens, à Noël cette année d'ailleurs. 

Le motif ? 

Je fais un travail que j'aime. 

Un métier qui me demande des sacrifices. Je travaille maintenant à 50 kilomètres de la maison. En horaires décalés. Et donc je peux emmener mon fils à l'école, ou le ramener, mais presque jamais les deux. Je pars très tôt le matin ou je rentre très tard le soir. Je dois le mettre chez mes parents pendant les vacances scolaires. Et je travaille un week-end sur deux. Et donc mon fils est malheureux. 

D'après la théorie d'un membre nullipare de ma famille que je ne citerai pas, je devrais donc travailler en crèche, du lundi au vendredi, en région parisienne pour être proche de mes parents qui peuvent prendre le relais certaines vacances. Après, si je me fait ch*er copieusement toute la journée c'est pas important, parce qu'à un moment donner, il faut arrêter de faire passer mon bonheur avant celui de mon fils. 

Et BIM le mot est lâché (au bout de 45 minutes de retrouvailles familiales quand même, ça aurait pu être pire). 

"tu n'es qu'une égoïste". 

Et depuis ça me tracasse. Non que l'insulte en elle-même me touche (à force de l'entendre, j'ai fini par intégrer que c'est ce qu'ils pensent de moi), mais elle aura au moins eu le mérite de me faire m'interroger. 

Doit-on, en 2016, sacrifier tous ses rêves au profit de ses enfants ? Doit-on obligatoirement ne plus jamais avoir de vie ? Ne plus sortir, ne plus s'amuser, ne plus boire d'alcool, ne plus manger ce qu'on aime, faire un métier qu'on déteste uniquement pour pouvoir élever ses enfants selon des préceptes de vie dictés par la société ?

Et surtout, ne sont-ce pas (oui, je parle bourgeois quand je suis en colère), ne sont-ce pas, disais-je, ces mêmes personnes qui vont traiter les femmes au foyer de feignasse, les chômeurs et les fonctionnaires de profiteurs ? (ah oui, pardon, je suis AUSSI fonctionnaire maintenant, donc je suis égoïste ET profiteuse, je sens que les prochains repas de famille vont être sublimes). 

Bref, je n'ai, à ce jour, toujours pas trouvé la clé pour satisfaire les membres de ma famille. Je ne sais pas si un jour je trouverais grâce à leurs yeux ou si je serais éternellement le vilain petit canard. 

Qu'à cela ne tienne. C'est ma vie, pas la leur. C'est ma vie que je verrais défiler devant mes yeux au moment de m'éteindre, pas la leur. 

Je sais que les prochains mois seront compliqués niveau organisation. Que je vais courir. Que mon fils préfèrerai que je rentre tôt le soir et que je vienne le chercher à l'école. Tout comme j'aurais voulu que mes parents soient là en permanence moi aussi. 

Je sais aussi que mon fils est heureux d'avoir un toit sur la tête, des vêtements propres et à manger dans son assiette. 

Je sais que plus tard il comprendra - ou pas - les choix que j'ai fait dans ma vie. En tous cas je lui expliquerai et on en parlera tous les deux, entre nous, parce que NOUS formons une famille. Lui et moi. 

Et j'espère, de tout mon coeur, que je saurais lui transmettre MES valeurs. Qu'il fera un travail qui lui plaira, qui l'épanouira et qu'il retiendra de moi qu'on peut être heureux en ayant peu d'argent et des goûts bizarres. 

J'espère qu'il s'assumera tel qu'il sera. 

Et que je lui apporterai tout le soutien qu'il mérite. 

Si égoïste puis-je être, je souhaite à mon fils le meilleur de ce que ce monde peut offrir. 

Et je suis convaincue que je ne pourrais pas rendre mon fils heureux si je ne le suis pas moi-même. 




1 commentaire:

Les commentaires sont modérés alors ne t'inquiète pas s'ils mettent du temps à s'afficher, je suis pas toujours là mais ça finira par arriver et j'y réponds (presque) toujours !